Trois ans de réflexion. C’est le temps qu’il a fallu à la délégation territoriale (DT) de Seine-Saint-Denis pour mettre en place un nouveau dispositif mobile : BB sur roues, officiellement inauguré le 6 juin dernier « Il fallait s’assurer de l’utilité du dispositif car des Espaces bébé-parents existaient déjà dans certaines unités locales. Le projet a finalement été validé afin d’aider davantage de personnes démunies », explique Jérôme, bénévole à la délégation et régulièrement en charge du dispositif.

BB sur roues, c’est le croisement de « Croix-Rouge sur roues », qui rassemble les activités itinérantes de l’association, avec un Espace bébé-parents, structure d’accompagnement à la parentalité pour des familles ayant des enfants de moins de deux ans. Grâce aux partenariats avec la Fondation Nestlé, qui facilite l’achat de produits alimentaires pour bébés, et la Fondation PSA, qui a offert le camion, BB sur roues sillonne les routes du département depuis février dernier.

À chaque sortie, c’est le même rituel : le chauffeur bénévole charge les produits stockés à la délégation territoriale dans le camion puis les décharge dans un local mis à disposition. À l’unité locale Aéroport Le Bourget (qui regroupe quatre villes : Le Bourget, Drancy, Le Blanc-Mesnil et Dugny), Maria Manuela, directrice locale de l’action sociale, Liliane, Pascale et Sylvie se chargent de trier les vêtements par âge pour les ranger dans les bacs. Barboteuses, pantalons, robes… sont donnés à la DT 93 qui les trie, les lave ou les envoie à Croix-Rouge insertion quand ils sont en trop mauvais état : l’un de leurs chantiers d’insertion a en effet pour mission de revaloriser des textiles de seconde main.

À leurs côtés, Jérôme et Caroline, stagiaires à la DT, disposent couches, lait premier et deuxième âge, compotes et petits pots sur une table. Ces produits sont vendus à prix avantageux aux usagers. « Les bénéfices » permettent de refaire les stocks, car nous achetons une grande partie de la marchandise. Les gens aiment bien donner quelque chose en retour, ils se sentent moins gênés. » Un espace jeux est également mis en place où les enfants sont pris en charge par des étudiantes de l’IRFSS de Romainville.

Félicité et Marie sont élèves en puériculture. Leur présence est utile à plus d’un titre : « On s’occupe des enfants pendant que les mamans font leurs courses. Et aussi, on leur dispense des conseils ; il faut qu’elles veillent à se reposer, par exemple. On leur pose des questions pour évaluer comment ça se passe à la maison. Et pour nous, c’est une expérience très riche car nous serons au contact d’enfants dans le cadre de notre futur métier », explique Félicité. Les mamans, nombreuses, prennent le temps de choisir les produits, avec l’aide de Jérôme. Liliane, elle, est à la caisse et note scrupuleusement tout ce qui est acheté. « La DT veut voir ce qui marche ou pas pour s’adapter lors du prochain passage », précise-t-elle. Chacun prend ce qu’il veut. Pas de rationnement mais une attention portée à ce que tout le monde soit servi.

Fadma est la première servie. Cette maman de 37 ans sans emploi, accompagnée de son fils de 8 mois, vient ici pour la 4e fois sur les conseils des bénévoles de l’épicerie sociale où elle se rend régulièrement. « J’ai besoin de couches, de compotes, de lait, qui coûtent trop cher. Je demande aussi des conseils aux bénévoles pour mon fils qui refuse le biberon. Ils m’ont bien aidée. » C’est aussi cela, BB sur roues, « un espace de convivialité, d’aide et d’assistance aux familles et aux parents en difficulté », résume Jérôme.

Entre 20 et 40 personnes en moyenne se déplacent à chaque halte de BB sur roues. Le dispositif, encore en rodage, sera prochainement étendu à d’autres villes. L’objectif est de toucher de plus en plus de personnes. « Nous travaillons en collaboration avec les services sociaux de chaque municipalité qui informent les personnes suivies de la présence de BB sur roues, explique Jérôme. Mais si quelqu’un passe devant le local durant la distribution et nous fait part de ses problèmes, on le servira. Les cibles, ce sont les gens dans le besoin. Nous n’avons pas d’autre critère que celui-ci. Toute personne qui a du mal à boucler les fins de mois ou qui ne peut pas se nourrir à sa faim est une personne à aider ».

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