October 23, 201996

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La Croix-Rouge française est en pleine transformation. Cette transformation a pour objectif de maximiser son impact social. Dans cette optique, l’association a pensé et déployé une ambition stratégique visant à mesurer à la fois l’efficience de ses activités et sa contribution globale aux grands enjeux sociétaux. Les explications de Jean-Christophe Combe, directeur général de la Croix-Rouge française.

La Croix-Rouge française a lancé les premières études d'impact social en 2012. Quels ont été les changements depuis ?

Jean-Christophe Combe : Nous nous sommes rendu compte que les résultats de ces études étaient sous-exploités et qu’elles ne portaient que sur certains secteurs d’activité. Il était donc essentiel que la mesure d’impact social (MIS) soit un véritable outil de pilotage stratégique, permettant de mieux comprendre nos actions, éclairer nos décisions dans un souci d’amélioration continue et de maximisation de notre impact social. Pour ce faire, nous avons pris la décision d’intégrer l’équipe MIS au sein de la direction générale afin de donner de la visibilité et de la légitimité à cette démarche mais aussi de faciliter son appropriation par les acteurs de la Croix-Rouge française.

Comment, précisément, acculturer les acteurs et leur faire comprendre l’intérêt d’une mesure d’impact social ?

J.-C.C. : En les sensibilisant, en les formant, en les impliquant ! Ainsi, notre modèle de MIS s’articule autour de trois grands axes :

 

Axe 1 : le développement d’outils nous permettant de mesurer notre contribution globale aux grands enjeux sociétaux. Nous avons misé sur une méthode participative. 26 ateliers ont été organisés entre janvier et juillet 2019, rassemblant environ 300 personnes, bénévoles, salariés et personnes accompagnées de toutes les régions, afin de prendre en compte les visions et expériences de tous. La matière collectée nous permettra de réaliser une première étude sur notre utilité sociale d’ici à l’été 2020 et viendra, par ailleurs, nourrir la réflexion autour du renouvellement projet associatif.

 

Axe 2 : Le développement d’outils pour mesurer l’impact de chacune de nos activités. Nous faisons le pari de développer un outil d’auto- évaluation, afin que ce soit le porteur d’activité lui-même qui pilote la production de la mesure d’impact social de son activité avec le soutien de l’équipe MIS.

 

Axe 3 : La mise en œuvre d’une stratégie d’acculturation et de conduite du changement, pilier central et nécessaire à la réussite de la démarche. Nous avons développé un plan de communication et des outils d’information à destination des bénévoles et des salariés. Notre équipe s’appuie sur des référents régionaux, ce qui nous permet de les tenir informés des avancées du projet et de co-construire les outils avec eux. Nous avons formé 30 personnes à la MIS au siège et en région, la clé étant pour nous de ne pas centraliser cette compétence, mais de la diffuser.

Sept études d’impact ont déjà été lancées sur 2019-2020. Pouvez-vous en citer quelques- unes et expliquer les objectifs visés?

Je peux citer plusieurs exemples très concrets, à l’instar de l’étude lancée sur nos relais parentaux en Île-de-France et dans les Pays de la Loire. Cette étude vise à renforcer la visibilité de ces dispositifs et à appuyer le plaidoyer de la Croix-Rouge française en faveur de la diversification des financements de ces structures innovantes. Il s’agit également de s’assurer que les relais parentaux répondent bien au besoin de répit des familles isolées dans un contexte de prévention.

 

Une autre étude porte sur le déploiement d’outils de Communication alternative améliorée (CAA) dans nos établissements accueillant des personnes en situation de handicap. Nous interrogeons ainsi les salariés, les usagers et les aidants familiaux sur les impacts des nouveaux outils numériques sur leur quotidien. Citons encore cette étude sur le projet expérimental de plateforme d’accompagnement social dans deux quartiers prioritaires de Saint-Denis, à La Réunion. L’étude porte sur les capacités réelles d’inclusion sociale d’un tel dispositif et sur la pertinence d’une approche multi-partenariale. Vous le voyez, il s’agit de projets très concrets. En outre, l’équipe MIS apporte un appui méthodologique à bien d’autres projets tels que Croix-Rouge sur roues, le déploiement de la stratégie textile, les circuits courts de l’aide alimentaire, etc.

Plus largement, vous souhaitez mesurer la manière dont la Croix-Rouge française contribue aux Objectifs de développement durable*. Comment espérez-vous atteindre cette visée ambitieuse ?

J.-C.C. : Nous sommes attentifs à impliquer notre écosystème, à mener une réflexion collective, à partager les expertises et les outils existants. Car il existe déjà une matière foisonnante dans le domaine ! Nous avons ainsi développé des partenariats, nous échangeons avec d’autres sociétés nationales du Mouvement et d’autres associations (Les Restos du Cœur, Emmaüs et Les petits frères des pauvres). En outre, la Croix-Rouge française participe à des groupes de travail autour des grands enjeux sociétaux auxquels nous sommes tous confrontés.

 

*Les Objectifs de développement durable (ODD) sont un appel mondial à agir pour éradiquer la pauvreté, protéger la planète et faire en sorte que tous les êtres humains vivent dans la paix et la prospérité.

5La mesure d'impact social au cœur du pilotage stratégique